Pas d’esbroufe, pas de spectaculaire chez Pagan. Mais la vie des gens de peu, qui n’est pas souvent rose, plutôt plombée, aux nuages chargés de la misère du monde.
L’inspecteur Schneider, qui a fait l’Algérie et ne s’en glorifie pas, enquête sur la mort dégueulasse de Betty, 15 ans, violée, battue et égorgée un soir qu’elle rentrait de la bibliothèque. C’est l’hiver des années Pompidou, résistants et ex-collabos se partagent les postes de pouvoir, tandis que la bande à Schneider écluse jaunes et Martini-Gin au comptoir des Abattoirs, dans la fumée des cigarettes.
On pense à Simenon et aux films de Melville : « Il y a ceux qui se trouvent en haut et ceux qui se tiennent en bas, à tâcher un tant soit peu de vivre en attendant demain. »
C’est noir, poisseux de solitude et de désespoir, comme le ciel de l’Est, qui semble ne jamais devoir s’illuminer. C’est un grand roman, écrit avec le cœur et les tripes. À lire la nuit, un verre de gin à portée de main, sans glace.
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